Créateur des aventures de
Johan et Pirlouit, Benoît Brisefer, Poussy et
surtout des Schtroumpfs, Peyo nous a quittés le 24 décembre 1992, un bien triste
soir de Noël.
Né à
Bruxelles le 25 juin 1928, il faisait partie de cette génération d'auteurs qui
engendra plusieurs des grandes figures de proue de la BD franco-belge. La guerre
l'ayant contraint à abandonner ses études en 1940, c'est aux côtés de
quelques-uns des plus fameux créateurs de bandes dessinées qu'il a fait ses
débuts dans la vie active. Rencontrés dans un studio d'animation,
Franquin, Morris et Paape sont à l'origine de sa
carrière d'auteur-dessinateur.
Peyo (ainsi que l'appelait son petit cousin anglais incapable de prononcer
Pierrot...) a commencé par produire des dessins humoristiques pour divers
magazines et quotidiens avant de créer, en 1946, les aventures de Johan. En
1958, c'est la naissance des Schtroumpfs. Le succès international de ces drôles
de farfadets amena leur créateur à créer son propre studio et à s'entourer d'une
équipe d'assistants. La collaboration avec Le Lombard, inaugurée en novembre
1992 avec la parution du "Schtroumpf Financier", se poursuit avec la publication
des nouvelles aventures de tous les personnages créés par Peyo.
Site Bdparadisio Mai 2002 :
Nom civil : Pierre Culliford
Né le 25/06/28 à Bruxelles (Belge)
Décédé 24/12/92
Scénariste-Dessinateur
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Pierre Culliford, d’origine britannique par son père, est né à Bruxelles en
1928.
Son petit neveu, incapable de prononcer "Pierrot" l’appela Peyo. Et comme il
fallait un nom de plume...
Il effectue des études primaires et secondaires mouvementées au collège St Louis
de Bruxelles qu’il abandonne à l’âge de 16 ans, à cause de la Seconde Guerre
mondiale.
Jusqu’à la libération, il est assistant projectionniste dans une salle de cinéma
puis il passe quelques mois à l’Académie des Beaux-Arts de la capitale. Mais cet
enseignement ne lui convient pas car il est attiré par le dessin humoristique et
la caricature. Il affirme d’ailleurs avoir appris son métier "dans les albums de
Hergé et les comics américains".
Il travaille ensuite, en 1945, comme "gouacheur" à la CBA (modeste studio de
dessins animés) où il rencontre ceux qui devaient devenir des "as" de la BD et
de merveilleux amis : Franquin (Gaston
Lagaffe), Morris (Lucky Luke) et Paape (Marc Dacier).
Malheureusement, ce studio fait faillite et Peyo s’oriente vers la publicité.
Après un an de dessin publicitaire, Peyo débute timidement dans la bande
dessinée : un essai dans « La Dernière Heure », puis dans "Le Soir".
Bientôt, en 1947, la fusion d’une passion débordante pour le Moyen-Age mythique
de sa plus tendre enfance et d’un humour poétique teinté de fantaisie tend à la
réalisation de Johan (qui, à ses débuts avait
des cheveux blonds), jeune page fidèle à son roi, qui sera le reflet de nos
valeurs morales traditionnelles.
Parallèlement, il anime Pied-Tendre le petit indien dans Mowgli, la revue des
louveteaux belges, et produit quelques dessins humoristiques dans divers
quotidiens.
Le style s’affine, la verve s’aiguise et, après quelques escarmouches dans
différents médias dont "Moustique", le damoiseau Peyo entre chez Spirou en 1952,
grâce à André Franquin.
En 1954, "Le Lutin du Bois aux Roches" nous révèle l’existence de Pirlouit,
garnement facétieux, râleur, paresseux et gourmand qui devient le compagnon
d’épopée de l’écuyer Johan. Leurs aventures, illustrations pittoresques de la
vie quotidienne au Moyen-Age, s’orientent rapidement vers l’univers fantastique
et magique des légendes nordiques hantées par les grimoires, les sources des
Dieux, les forêts mystérieuses et les lutins malicieux.
Et, en 1958, Johan et Pirlouit rencontrent au "Pays Maudit" de fabuleux petits
êtres bleus, hauts de cinq pouces : les Schtroumpfs. (NB : Peyo les peignit en
bleu parce que son épouse trouvait cette couleur plus harmonieuse dans un décor
de verdure. Madame Peyo devint ensuite la coloriste de l’équipe).
Les sympathiques petits lutins bleus, aux bonnets, chaussons et culottes
blanches (d’où dépasse une adorable petite queue bleue) enchantent
instantanément des milliers de lecteurs et l’album "La flûte à six Schtroumpfs",
création originale et pleine d’inventions, entre dans la légende.
Au coeur de ce Moyen-Age mythique commence la fable des Schtroumpfs et Peyo,
magicien de l’imaginaire, est armé Chevalier de la Table à Dessin.
A l'initiative de Yvan Delporte, alors rédacteur en chef de Spirou, les
Schtroumpfs acquièrent leur autonomie ; les six premiers épisodes paraissent
sous la forme de mini-récits.
En 1960, à la suite du succès remporté par l'album de
Johan et Pirlouit
rebaptisé la Flûte à six trous (aux éditions Dupuis), Peyo redessine les
premières aventures des Schtroumpfs et les adapte en grand format.
Peyo invente le langage Schtroumpfs, aujourd’hui parlé et compris dans le monde
entier, lors d’une virée dans le sud avec son ami Franquin. Lui désignant la
salière, il dit en éternuant : "Passe-moi le... schtroumpf ! ?".
Après avoir bien ri, les deux ludiques compères schtroumpfent le schtroumpf à
qui mieux mieux, remplaçant dans la phrase tous les mots clefs par schtroumpf ou
schtroumpfer et, chose surprenante, ce langage s’avère parfaitement
compréhensible et d’une très grande souplesse sémantique.
C’est l’aurore d’une formidable aventure....
Si Peyo est un auteur de bande dessinée émérite, ce qu’il aime surtout, c’est de
"raconter" une histoire... Il aurait été écrivain ou journaliste s’il n’avait
pas été dessinateur.
Ses sujets, il les puise souvent dans ce qu’il aime depuis sa tendre enfance :
le Moyen Age. Un "certain" Moyen Age : celui des contes et des légendes avec
leur côté fantastique et imaginaire, celui que sa nurse écossaise lui instilla
avec Walter Scott. Il y ajoute sa propre poésie, sa fantaisie, son humour. Il
raconte et dessine tout cela avec une fraîcheur et une naïveté, une tendresse
qui fait penser à un "Douanier Rousseau de la bande dessinée"....
Mais il a aussi le don de la narration, du dialogue, de la mise en scène, qui se
traduisent dans ses "planches" avec une grande connaissance du métier. Il est
secondé quelque fois par des jeunes qu’il forme et par sa femme, qui le
conseille pour la couleur.
Ces talents-là devaient l’amener tout naturellement au dessin animé.
Puisque Peyo possédait "l’art de raconter" et de mettre en scène sur "papier",
pourquoi ne pas voir s’animer tout ce petit monde ?
C’était son rêve... qui se réalisa lorsque les Editions Dupuis acceptèrent le
financement d’un grand dessin animé ! Et comme l’histoire de la Flûte à six
Schtroumpfs, où apparaissaient pour la première fois les Schtroumpfs, lui tenait
à cœur, Peyo décida de l’adapter pour le grand écran. Un fameuse entreprise à
laquelle il s’attela avec passion. Un nouveau métier, qu’il apprit à aimer avec
l’aide d’Yvan Delporte et de Michel Legrand.
Farfelu impénitent et ancien rédacteur en chef de Spirou,
Delporte s’est montré
coscénariste et codialogiste talentueux et super-documenté, comme à
l’accoutumée.
Quant à Michel Legrand, Palme d’Or pour "Les Parapluies de Cherbourg" et "Le
Messager", il traita le rythme musical complexe avec élégance et fraîcheur.
Poussy, le petit chat, entama sa carrière dans "Le Soir-Jeunesse" jusqu’en 1960
puis dans Spirou en 1965.
Toujours en 1960, Peyo crée Benoît Brisefer dans Spirou (sur les décors de Will)
qui représente la période moderne de Peyo, lorsqu’il eut envie de dessiner autre
chose que des diligences : un téléphone par exemple.
Ce héros de bonne volonté et poète des trottoirs, redresseur de torts et ami de
Madame Adolphine, est un petit garçon à la force herculéenne, celle dont rêvent
beaucoup d’enfants.
Par ailleurs, notons que le moutard permit à Peyo de se défouler en se moquant
gentiment de la BD américaine toujours entichée de Superman : lorsque Benoît
éternuait, il redevenait petit garçon ordinaire pendant la durée de son rhume !
En 1961 et 1962, toujours en compagnie de Will, il scénarise "Des fleurs pour
mon lüger" et "La ceinture noire", les deux premiers épisodes de Jacky et
Célestine proposés dans le Soir Illustré. Par la suite, cette série sera reprise
graphiquement par Jo-El Azara, par François Walthéry, par Francis et par Roger
Leloup ; Peyo ne collaborant plus que de loin au scénario, principalement assuré
par Vicq, puis par Gos et par Mittéï.
Le succès grandissant des Schtroumpfs contraint en effet Peyo à créer son studio
et à s'entourer d'une solide équipe. Outre les artistes suscités, notons la
présence dans ce groupe de Lucien De Gieter, de Marc Wasterlain, de Derib,
d'Albert Blesteau et de Benn,..
1983 et 1984 concrétisent l'internationalisation de ces petits personnages (des
millions de produits dérivés ainsi que de multiples dessins animés mettant en
scène les incroyables Schtroumpfs envahissent la planète).
Devant ce succès, Peyo et sa famille s'organisent. Sa fille Véronique se charge
de la gestion du "merchandising" et son fils Thierry Culliford supervise la
production du studio Peyo (chargé entre autres choses de réaliser les différents
dessins publicitaires).
En 1989, Peyo fonde sa propre société d'édition : Cartoon Création. Cette
année-là, cette maison lance le magazine Schtroumpfs, publiant bien entendu de
nouvelles aventures des Schtroumpfs, mais aussi Pierrot et la lampe, inspiré par
un "péché de jeunesse" de l'auteur, apparu à l'origine dans le journal Bonux Boy
(un recueil en 1991).
Signalons par ailleurs l'ouverture d'un parc d'attractions consacré aux lutins
bleus et rebaptisé en juin 1991 Walibi-Schtroumpfs (à Hagondange, près de Metz).
En 1992, Cartoon Création cède la version albums de ses séries (les Schtroumpfs,
mais aussi Benoît Brisefer et
Johan et Pirlouit,..)
aux éditions du Lombard. La revue Schtroumpfs se continue quant à elle aux
éditions Tournon. Cette année-là, François Walthéry adapte un scénario de Peyo pour sa série Natacha (album La
ceinture de Cherche-Midi aux éditions Marsu-Productions).
Peyo meurt la même année, victime d'un arrêt cardiaque (24 décembre 1992).
Si l'on devait accoler des termes au nom de Peyo sans crainte de faire pâlir de
honte les grammairiens, nous écririons volontiers : songe, fée, conteur,
merveilleux, bouffon, féerie, magicien, cocasse, rêve, lutin, drôle, tendre,
fraîcheur, joie de vivre, apollution...
Pays de résidence : Belgique